HANOI, TROP BIEN MAIS TROP COURT

Hanoi... Il faut déjà partir.

Je suis partagé dans mes sentiments entre le plaisir de retrouver Bangkok pendant une courte après-midi avant de m'envoler vers le golfe de Siam pour une semaine de farniente dans un bungalow au bord de l'eau, et le regret de quitter la capitale Vietnamienne que j'ai adoré, après 2 jours seulement alors que j'y aurais aisément passé une semaine.
Rarement dans une grande ville Asiatique avais-je éprouvé ce sentiment mêlant bien-être, curiosité, dépaysement. Peut-être mon analyse est-elle faussée par le fait que je résidais dans la vieille-ville, bien que j'ai beaucoup marché hors de ce quartier envoûtant.
Comment dire ? D'abord les gens, plutôt plus sympa qu'à Saïgon alors qu'on m'avait annoncé le contraire ; beaucoup de sourires, aucun boutiquier pour vous haranguer, que ce soit sur les marchés ou dans les rues "touristiques". Bref une ville peuplée de gens cool incitant à l'échange. Seul bémol, une météo pourrave avec un ciel gris et bas, et une température suffisamment fraîche pour justifier de porter en permanence deux t-shirts - dont un à manches longues - sous mon blouson et nécessiter deux couvertures sur mon lit afin de passer 3 nuits à peu près confortables.


Que des bons feeling à Hanoi donc, et une foultitude de petits souvenirs accumulés au fil de mes déambulations dans les ruelles et de mes pauses dans des échoppes assis sur un tabouret sur un morceau de trottoir pour boire un thé vert et fumer une cigarette ( eh oui ! ) en compagnie de Vietnamiens surpris et flattés d'avoir un étranger à leurs côtés.
Je me souviens de ce petit vieux et de sont thé vert fort et chaud ; je me souviens de cette vendeuse de crabe près du marché central qui m'offrit un tabouret le temps de manger des haricots rouge au gingembre avant de m'offrir de délicieuses pattes de crabe à grignoter ; je me souviens de ce groupe de 5 femmes Thais "perdues" dans une échoppe à qui moi le Français je dus enseigner comment déguster une soupe de vermicelles de riz avec ses nems ; je me souviens des négociations avec les vendeurs de casques de Hué street avant d'en trouver un à mon goût - et surtout à ma taille - ; je me souviens de la tranquillité du chemin de promenade contournant le lac Hoak Tien où des papis regardent le temps qui passe assis sur leurs bancs de pierre ; je me souviens des sollicitations des conducteurs de moto-taxi qui sourient quand on refuse - en Vietnamien - leurs propositions de service ; je me souviens de la cohue humaine et des lumières de la rue transformée en marché de nuit où j'ai fait revêtir mon ipod d'un auto-collant représentant un tigre ; je me souviens de ce jeune vietnamien assis sur son scooter écoutant de la musique sur son lecteur mp3 et moi venant à sa rencontre mon ipod sur les oreilles en lui proposant d'échanger nos écouteurs. Après 1 minute d'écoute attentive du groupe Sergent Garcia, il me regarde et me dit en Français : " Bonne musique. " Surprise. Sourires. Brève conversation, en Français toujours, puis nous nous quittons en nous lançant dans chacun dans des idomes empruntés : " Chuk Mung Nam Moi - Bonne Année " ; je me souviens de ma pause d'une demi-heure assis dans le magasin d'un vendeur de téléphone pour regarder le 5e set très serré de l'open d'Australie de tennis entre Roger Federer et un obscur joueur croate... magie du sport qui réunit les hommes par delà les races les langues et les cultures ; je me souviens de ces jeunes Vietnamiennes se précipitant sur moi pour être prise en photo à mes côtés sur l'esplanade faisant face au mausolée Ho Chi Minh ; je me souviens des ruelles et des maisons de la vieille-ville, des couleurs des lampions, des marchés aux fleurs et des multiples décorations annonçant l'approche du nouvel-an chinois et de la fête du Têt, heureusement les photos sont là pour aider la mémoire ; et bien sûr, le meilleur pour la faim... je me souviens - j'espère le + longtemps possible - de la nourriture et des goûts. Une nourriture de rue excellente - comme partout au Vietnam -, à commencer par des soupes incroyables pour lesquelles, au moment de payer, les cuisinières ne cherchent pas systématiquement à vous gruger en vous rendant la monnaie.
Oui j'ai beaucoup aimé Hanoi... comme Hoi An... comme le delta du Mekong... et tout le Vietnam.
J'y reviendrai. C'est certain ; afin de visiter le Nord-Ouest, ses montagnes et ses minorités ethniques ; le Nord-Est et l'incontournable baie d'Along.
Pour l'heure, un taxi m'emmène vers l'aéroport à travers un brouillard à couper au couteau. Ponctuel, il m'attendait comme convenu à 6h45 devant l'entrée de l'hotel. Une fois arrivé, je constate que mon vol Air Asia est retardé de 40 minutes... une paille par rapport aux deux heures de retard du vol Vietnam Airlines Hué-Hanoi, à la différence que nous arriverons à l'heure à Bangkok et que pour la première fois depuis bien longtemps, j'ai pu m'allonger pour dormir en profitant de 3 sièges vides contigus. Qui a dit que que compagnie low-cost est synonyme d'inconfort.
Tiens... Mon stylo hésite... Il est sec ! Logique. C'est la fin du périple pour lui aussi.
Je suis arrivé au terme de ce carnet de voyage. Sur l'île de Koh Phangan, je ne pense pas écrire ; ce n'est plus tout à fait la Thaïlande. Ce n'est plus du voyage...


AMBIANCE HUMIDE A HUE

Il y a 2 mois, à la veille de boucler mon sac, j'hésitai sur un point : " Dois-je emporter un imperméable ? "
Finalement, j'ai bien fait de le prendre, son faible poids compensant la place importante qu'il occupe dans mon maigre balluchon. Une fois roulé en boule, non seulement il s'avère pratique pour protéger les objets fragiles mais à Hué, il a retrouvé sa fonction première.Depuis le 14 Janvier, la dépression tropicale qui sévissait sur l'archipel des Philippines a touché le littoral Vietnamien. Il pleut à verse et les chauffeurs de cyclo-pousse en sont reduits au chômage. On se croirait rendu pendant la saison de la mousson. Autant dire que durant mes deux jours à Hué, je n'ai pas vu grand chose hormis le marché hier après-midi où j'ai passé 2-3 heures, le temps de faire qques portraits et d'acheter deux éphémérides.
Seul point positif, l'hotel Binh Minh, plutot cool et bien placé, et tout proche à 100m sur le même trottoir, une cantine baptisée Quan So 1 où j'ai pris mes trois repas, me délectant à chaque fois de ragout de thon au piment.
A part ça, nada. Tant pis pour la citadelle impériale. Je ne m'en sentai pas l'envie sous le déluge incessant. Ce sera pour la prochaine fois. Même la température a chuté de façon spectaculaire. Attablé devant mon plat de thon, j'expire de la vapeur d'eau et j'ai du enfiler un t-shirt sous mon t-shirt manche longue que j'ai ressorti du fond du sac, pensant ne plus avoir à m'en resservir avant Paris.
Je repars donc de Hué plutôt frustré mais il faut être fataliste. Partie remise car je reviendrai au Vietnam. C'est certain. Faute de temps, j'ai du zapper la baie d'Along et il me reste toute la partie nord à visiter.
Aujourd'hui direction Hanoi, terme de ce périple Sud-Nord. Apparamment il ne pleut pas. Voila au moins une bonne nouvelle. Sauf que l'avion est retardé d'1h30. J'en suis quitte pour bouquiner, les écouteurs de mon Ipod sur les oreilles. Le voyage dans l'Airbus a 321 flambant neuf sera une simple formalité d'une heure supplémentaire. Le temps de monter dans un minibus et d'attendre qu'il soit plein pour espérer partir enfin, me voila en route pour 1h de trajet vers la capitale sur une autoroute à double-voies.
Première surprise, les faubourgs de Hanoi ne ressemblent en rien au gigantesque capharnaeum de Saigon. Tout semble y être beaucoup mieux organisé, à l'image de cette gigantesque zone industrielle où l'usine Panasonic succède à l'usine Canon. Pour 1 dollar en extra, le chauffeur me pose devant mon hotel après m'avoir balladé dans le dédale de la vieille ville pendant que je le guidais !!! avec mon plan pour l'aider à trouver les hotels de ses autres passagers étrangers. Un quartier au nord du lac Hoan Kiem qui semble tout simplement extraordinaire.Arrivé vers 17h30 au Stars hotel où j'avais réservé une chambre par téléphone depuis Hoi An, j'avais la mauvaise surprise d'apprendre que ma chambre était toujours occupé par ses occupants précédents qui avaient payé une rallonge pour la conserver jusqu'à 20h avant de prendre leur train !!!
Surprise, explications vaseuses de la réceptionniste qui se confond en excuse et me propose de me ballader dans la vieille ville jusqu'à 20h et de me réduire le prix de 15 à 12 $. C'est trop facile et ça ne me convient pas. J'ai envie de m'allonger tranquillement. Cour de morale rapide sur le respect de la parole donné puis, toujours confuse - et bonne comédienne -, elle demande à un employé de mon conduire vers un hotel proche appartenant au même propriétaire.C'est ainsi qu'après 6 heures d'un voyage qui devait n'en prendre que 3 au max, j'échouai ou Prince III hotel où je dispose d'une grande chambre avec lit king size, baignoire et TV cablée. Après une ballade nocturne dans le dédale des ruelles confirmant ma première impression positive et un dî ner assis à une échope où je dégustai une soupe délicieuse dans laquelle les coques cotoient la viande de boeuf, il était temps de rentrer, plan en main, pour faire dormir les yeux.
A la TV, sur la chaîne HBO, passait " La Guerre des Mondes ". A Hanoi, c'est plutôt le choc des cultures.

HOI AN LA BELLE ETAPE

Lorsque l'éloignement entre la station de bus et le centre-ville le justifie, la stratégie est maintenant clairement établie. Hoi An m'invite à la mettre de nouveau en pratique. Surtout qu'il y a ici pléthore d'hotels et je compte faire tranquillement mon choix.
Moto-taxi donc pour faire le tour de la ville - classée au patrimoine mondial de l'UNESCO -, visiter 4-5 hotels, et finalement choisir l'hotel Thanh Binh III, un 3 étoiles où j'ai négocié pour 16$ une chambre très confortable dotée de la clim, d'une baignoire et d'un balcon privé. Avec sa piscine, son buffet pour le petit-déjeuner et l'internet gratuit, le Thanh Binh III représente le meilleur rapport qualité-prix de ce voyage. Je suis maintenant dans les meilleures conditions pour découvrir Hoi An.
Ce matin, après un p'tit-déj pantagruélique - merci le buffet -, j'ai loué un vélo devant l'hotel et en route. Petite ballade en ville pour me mettre en jambe et en route, direction la plage de Cao Bai toute proche - 5km -, mon hammac bien rangé dans le panier du vélo.
Arrivé au village, après avoir refusé l'injonction insistante d'un factotum qui voulait m'obliger à laisser mon vélo dans un parking, je tournai à gauche pour m'éloigner en espérant trouver tranquilité et sérénité sans savoir où j'allais échouer car la plage était toujours invisible. Et puis les maisons disparurent, les cocotiers apparurent ; une piste à droite menait au bonheur... une merveille de plage proche des longues plages vierges landaises ; les cocotiers et la température de l'eau en plus.
Par chance - ou par intuition -, j'avais involontairement contourné les Resorts à touristes. Au bout de mon chemin, il y avait même deux minuscules paillottes servant nourriture et boissons fraiches, et suffisamment de cocotiers pour accrocher mon hammac. C'était parfait.
Pensant ne plus avoir à m'en resservir avant la Thailande, j'avais rangé mon maillot de bain au fond de mon sac. La très bonne surprise de cette plage magnifique et de mon long bain dans les vagues me démontraient qu'au Vietnam il ne fallait jurer de rien.
Hoi An s'annoncait comme une étape patrimoniale mais certainement pas balnéaire. J'avais tout faux.
Il y a tout à Hoi An, et avant tout une atmosphère de tranquille nonchalance accentuée par les ruelles étroites de la vieille ville où le traffic routier habituel brille par sa discrétion, des pagodes, des maisons claniques chinoises, et des anciennes maisons de commerce chinoises, francaises et hollandaises - pour la plupart reconverties en resto ou en gallerie d'art - réparties de part et d'autre d'un des bras du fleuve qui contourne la ville.
Point d'orgue de la journée, en rentrant de la plage, je longeai une rizière éclairée par une magnifique lumière rasante de fin d'après-midi où des femmes repiquaient le riz pour la récolte suivante ;une sublime mise en scène que je n'espérai plus depuis le delta du Mekong. J'avais tort une fois de plus. De nouveau, mon zoom Leica faisait des merveilles, comme si lui aussi se rattrapait pensant avoir été sevré d'un tel festin photographique.
Le lendemain, matinée d'excursion prévue à My Son, ancienne capitale du royaume Cham de religion hindouiste qui règna un temps sur cette zone médiane du littoral vietnamien. Malheureusement, la météo en décida autrement. Il pleuvait des cordes, la faute au résiduel d'une dépression tropicale innondant l'archipel des Philippines.
Levé à 7h30, mon p'tit-déj avalé, je me recouchai vers 9h30 pour me réveiller à 13h30. J'avais alors la bonne surprise de constater qu'il ne pleuvait plus. Le planning était presque respecté et je pouvais consacrer l'après-midi à visiter la ville. Du moins le pensai-je.
Un de mes dadas en voyage est de me poser dans les marchés et de me faire oublier en adoptant la stratégie du chaméléon. Celui de Hoi An n'échappa pas à la règle, sauf que j'y passai près de trois heures, posté ici ou là, pour finalement atterrir devant l'échope d'un sculpteur sur bois auprès d'une marchande de sucreries avec ses deux enfants orphelins de père, mangeant des clémentines et jouant avec l'aîné. A cause de la couverture nuageuse et du ciel gris, la nuit était tombée plus vite que d'habitude sans que je l'entende. Au revoir chaleureux avec les riverains de mon bout de marché et notamment avec le sculpteur sur bois, un joyeux drille à qui j'achetai une face de bouddha souriant au verso de laquelle il grava " Sông Lâu " ce qui signifie longue vie. Sympa. Il était maintenant trop tard pour pousser plus avant dans la visite de la ville.
Le reste de la soirée se résuma en un repas frugal et tardif pris sous une bâche dans un resto de rue, dîner conclu auprès d'une mamie postée à un coin de rue, laquelle vendait le meilleur dessert que j'ai eu l'occasion de déguster depuis deux mois, en l'occurrence des petits haricots rouge cuisinés comme du riz au lait - mais sans lait -, aggrémentés de zestes de gingembre confits. Un pur délice dont je repris une deuxième part.
Voila. s'en était finit pour Hoi An ; une super étape - une de plus.
Demain direction Hué pour deux jours et où parait-il la pluie s'est installée. Je verrai bien. J'espère juste qu'à Hanoi ce ne sera pas le cas car au dire des Vietnamiens, il y fait froid... Tout est relatif. Nous n'avons pas les mêmes valeurs.

EN TRAIN DE SAIGON A DANANG

En terme de voyage ferroviaire, mes seules références en Asie se limitaient à la Thailande et à l'Inde. Avec ce trajet entre Saigon et Danang (750KM-13h de voyage) par le train de nuit, j'ajoute une 3e expérience et je reconnais que je suis favorablement impressionné ; compartiment doté de 4 couchettes confortables, drap, couverture et oreiller sentant bon la lessive, clim efficace sans être glaciale, compagnons de voyage charmants - bien qu'un peu bavards, au sens bruyant -, mais avec une paire de bouchons d'oreilles, tout s'arrange. Pour preuve, j'ai du dormir - par quart - près de 7 heures.
Après les présentations d'usage, mon premier compagnon (les deux autres dormaient déjà), Mr Tam, dans le civil responsable administratif de la gare de Na Thrang, m'offrait une bière, puis un oeuf fécondé -aliment très couru que je pensais pouvoir éviter-que je ne pouvais refuser de goûter. En Asie du Sud-est, la courtoisie est de rigueur et un refus mal négocié peut avoir pour conséquence directe de faire perdre la face à votre interlocuteur, ce qu'il faut éviter.
Pour en revenir à mon oeuf fécondé, de prime abord, il semble assez repoussant de casser le sommet d'un oeuf pour y découvrir un embryon de poussin à un stade déjà bien avancé, puis comme pour la mygale au Cambodge, on se lance, on fait mine de déguster assaisonné de sel et de poivre, puis on apprécie. Par chance, mon embryon ne présentait ni pattes, ni plumes, ni bec, mais c'est parfois le cas. Toujours est-il que ca y est. C'est fait. Et finalement, si l'occasion se représente, je n'hésiterai pas à recommencer.
Vers 5h30, Mr Tam, son assistante, et la passagère inconnue disparurent, immédiatement remplacés par 3 Vietnamiennes d'âge mûr bavardes commes des pies malgré l'heure matinale et le silence du compartiment, n'hésitant pas à allumer la lumière en grand.



Réveillé en sursaut, je me redressai promptement pour éteindre en agrémentant mon action d'un "
Chut" mimé avec l'index afin de bien marquer mon territoire. Au moins avaient-elles compris qu'elles n'arrivaient pas en terrain conquis malgré la supériorité du nombre.
Cette technique éprouvée pour ne pas se faire marcher sur la tête, qu'il faut par la suite contre-balancer par des sourires et des petits gestes aimables ou futiles, fonctionne plutôt bien au Vietnam.
Sur le coup de 10h, attaquant mon p'tit déj composé de Ban Tao et de clémentines les 3 pies que je découvrais au grand-jour me jettaient des regards noirs, limite agressifs.
A 12h30, pour le déjeuner - des carioles passent dans le couloir et proposent riz, oeufs, brochettes, nems, fruits, boissons, etc-, elles me nourrissaient de paté et de pommes-cannelle.
Alors qu'en milieu de matinée, je devais insister pour réussir à poser un bout de fesse sur la banquette inférieure, j'en ai maintenant squatté une partie et j'ai droit à des sourires. Comme quoi ma méthode a du bon.
Au rayon des bonnes surprises de ce train - le SE4 reliant Saigon à Hanoi baptisé "Train de la Réunification" -, une batterie de 3 lavabos avec eau tiède et savonnettes, des toilettes propres dotée de papier hygiénique, ainsi qu'un fontaine d'eau bouillante pour faire le thé ou désinfecter la vaisselle. Régulièrement, un boy balaie couloir et compartiments.
Un seul regret peut-être, j'ai été tellement occupé à dormir, à manger, et à contempler le paysage, que je n'ai pu lire qu'une dizaine de pages du dernier et excellent Houellebecque. Même l'Ipod est resté rangé dans la poche de mon blouson !!! Parti à l'heure de Saigon, le train arriva à l'heure à Danang - le contraire eut été étonnant. Sortant de la gare à 14h10 et après avoir refusé les propositions des moto-taxis gonflant les prix par trois pour me déposer à la gare routière, j'en avisai un - et inversement - après avoir traversé la rue qui pour 10 000 dongs me laissai devant l'arrêt du bus Numéro 1 direction Hoi An.
Abrité du soleil sous le parasol d'une vendeuse de billets de tombola, j'attendai à peine 10 minutes, montai dans le bus, payai mes 20 000 dongs avec un billet de 50 000 en tendant ostensiblement les doigts jusqu'à ce que le préposé qui mettait un temps calculé pour me rendre ma monnaie par étapes afin de tenter de m'enfler de 10 000 dongs me rende le compte exact.
45 minutes plus tard, j'arrivai à Hoi An au terme de 12 heures d'un trajet somme toute très agréable.

SAIGON SOURIT TOUJOURS 2

Autre exemple : hier, alors que je déambulais dans le quartier chinois près du marché de Cholon, une jeune fille poussant un diable manquait de peu de me couper le tibia en deux, me laissant quitte pour une plaie bénigne de 5 cm juste au dessus du pied. Immédiatement, j’avais 3 ''infirmières'' autour de moi, chacune sortant de sa poche des fioles d’huile chinoise pour désinfecter la plaie qui était tout aussi rapidement protégée par un double pansement. .J’ai pu ensuite sans problème me ballader à pied toute la journée. Si la même chose vous arrive en Inde; demerdez-vous et espérez ne pas vous faire engueuler si vous la rammenez. Il y a plusieurs Saigon, plusieurs quartiers distincts, chacun avec une ambiance spécifique. Ainsi Cholon, le quartier Chinois, est en pleine effervescence à l'approche du nouvel an Chinoise et les pagodes qui parsèment la ville sont embrumées par les fumées d'encens. Quant au centre-ville, il est en plein boom commercial et touristique. Les grattes-ciel émergent lentement et les boutiques de luxe fleurissent. A ce titre, il est paradoxal de voir un magasin Louis Vuitton juste à côté de la magnifique poste centrale style art-déco devant laquelle une statue représentant deux combattants viet-congh fusils en bandoulières et grenades à la ceinture vantent la lutte armée contre l’impérialisme.Saigon - comme le Vietnam -, n’est plus à un paradoxe près. La circulation est anarchique mais les policiers du parti n’hésitent pas à verbaliser une voiture qui se trouve au mauvais endroit au mauvais moment alors qu’une Mercedes garée en double-file juste devant obstrue la circulation mais sans sort sans préjudice.
Et puis il y a la bouffe ; excellente, surprenante, variée, présente à tous les coins de rues. Dans ces conditions, difficile de résister. Alors les horaires habituels des repas volent en éclats. On peut passer des journées entières à se ballader en grignotant de çi de là. C’est ce que je fais, multipliant les d
écouvertes, privilégiant ces fabuleuse clémentines, des quartiers d’ananas servis façon sucette, puis en fin d’après-midi, un premier en-cas vers 17h30-18h avant de remettre le couvert vers 20h.

Ce soir par exemple, j’écris ces lignes attablé à un resto de rue où j’ai dégusté, nouilles de riz, nems, porc caramélisé et feuilles de menthe, sauf que 30 minutes + tôt, je mangeais ailleurs du riz et des crevettes, ce double repas entrecoupé par un quartier d’ananas...



C’est ainsi. Le Vietnam est un paradis pour les gourmands. Je m’en doutais et j’en ai la preuve par l’exemple.
De plus, ces pauses nouricières sont toujours l’occasion de passer de bons moment avec les Vietnamiens qui sont ravis de voir un étranger manger comme eux... avec eux.
En ce moment, j’ai 4 paires d’yeux qui m’observent respectueusement alors que j’écris, soit toute la famille de mon resto de rue dont l’âge s’échelonne de 5 à 65 ans. C’est chaleureux, intime, émouvant une fois encore... comme toujours.
La petite fille s’appelle Kim Ngan. Elle est assise devant moi sur les genoux de sa mère et elle tient un sac en plastique gonflé façon ballon de baudruche. Dessus, j'ai dessiné un visage qui tire la langue. Ensuite, je lui ai offert une clémentine qu’elle mange avec soin. Elle rigole, fière de son nouveau personnage rigolo qu’elle montre à tout le monde. Je l’ai apprivoisée et elle est maintenant assise sur mes genoux. Saigon c’est formidable.Demain, je prends le train de nuit direction Danang à 750km + au nord. Départ à 23h, arrivée à 14h. Aujourd’hui, j’ai été repérer la gare qui possède une consigne. Je pourrai y laisser mon sac le temps d’aller dîner.
Tiens donc. Encore une histoire de bouffe en perspective !!!

SAIGON SOURIT TOUJOURS 1

Saigon. Voila un nom qui m’a toujours un peu fait fantasmer.Par où commencer ? D’abord par la cohue bien sûr ; les nuées de scooters, de voitures, de camions, de cyclo-pousses. Tout ce joyeux fratras dans une apparente anarchie en fait savamment organisée. Comment je traverse ? Et puis on voit l’ouverture, on se lance, on s’arrète au milieu de la route si nécessaire, avec assurance et foi en son destin, et la meutre vous évite. C’est un peu la corrida à l’envers. Effets induits ; le bruit, la pollution, mais comme pour la circulation, on compose et on s’y fait.
Chose rare en Asie, toutes les rues - ou presque – sont plantées d’arbres ce qui donne à la mégapole de 7 millions d’hbts un côté '' ville campagnarde ''. Saigon possède d'ailleurs en son centre un parc calme et reposant où les hbts font leur gym quotidienne et pratiquent les arts martiaux traditionnels. Néanmoins, la frénésie toute proche est incessante, très loin d’une ambiance champêtre.
Mais d’abord, il a fallut arriver à Saigon ; simplement d’abord via 2 heures de bus local en provenance de My Tho, puis moins simplement de prime abord via deux bus urbains depuis la gare routière de Mien Thay. Je ne me sentais pas trop couvrir le 8 km jusqu’au centre-ville derrière une moto-taxi. J’ai préféré préserver mes membres et mes poumons en optant pour la solution qui parait la + simple sur le papier mais s’avère + complexe sur le plan pratique car l'accès aux bus urbains saigonnais est un peu complexe because la langue vietnamienne.
En fait, le réseau est formidablement structuré, les bus sont climatisés et le prix du ticket (3000 dongs) est ridiculement bas.
Arrivé à la gare routière, suivant les indications d’une jeune vietnamienne, je montai dans le bus 91 puis, en suivant le conseil d’un jeune gars cette fois, j'enchainai avec le bus 2 qui me déposai à 5mn de mon quartier d’election baptisé Pham Ngu Lao où abondent les hotels bon marché. Depuis, je me suis procuré le plan du réseau et j’abuse du bus - et de la marche à pied – pour explorer la ville.L’hotel Nga Hoang où je réside est formidable et s’avère + être dans l’esprit pension. Situé dans une ruelle à l’écart du bruit ambiant, il offre pour le moment le meilleur rapport qualité/prix de ce voyage. La chambre n’est pas très grande mais propre et fonctionnelle, le ventilo brasse sans bruit, et le lit -sans être immense- possède un matelas 100% latex. Le petit-déjeuner est compris et l’accès internet gratuit pour les résidents, tout ça pour 7 euros la nuitée. De plus, la patronne est jolie. C’est toujours + agréable au moment de payer la note...J’avais entendu pas mal de ragots négatifs sur Saigon et ses hbts. Ils sont faux.
Bien sûr, certains essaient d’estamper sur les prix. C’est de bonne guerre mais voué à l’échec si on connait un peu les barèmes. ''On reçoit l’accueil que l’on mérite'' et c’est d’autant plus vrai à Saigon. Le sourire est le meilleur des laisser-passer. J’ai croisé à Saigon trop de touristes beaufs totalement pas à leur place, et de ''routards'' tirant des gueules de 6 pieds de long, les mains crispées sur leur sacs à dos, qu’ils portent sur leurs poitrines, attablés dans des restaurants impersonnels, puis regroupés le soir dans Pham Ngu Lao réfugiés derrière leurs bières. Il est probable que ces touristes là n’aimeront pas Saigon. C’est bien fait pour eux. Ils ne la mérite pas.Par contre, si on se donne la peine élémentaire d’être ouvert et courtois, c’est formidable ce que les gens donnent en retour: fruits, cigarettes, chaleur humaine, sourires, sourires, sourires... Aujourd’hui, alors que j’avais les mains souillées après avoir dévoré une livre de mandarines - les meilleures du monde et de loin. Il parait qu’elles viennent de Chine -, j’avisais du regard et par le geste une vendeuse de rue qui immédiatement, presque en courant, remplissai un verre d’eau pour m’arroser les mains, avant de remplir un nouveau verre d’eau bouillie et tiède pour que je me rince la bouche. (A suivre)