500 GRAMMES DE BIEN-ÊTRE

'' Bonjour, je voudrais 500g de bien-être. ''

Et Hop. C’est aussi simple que ça au Cambodge. Le bien-être prend alors la forme de banane, ou de sourires, ou de café frappé, ou de fruit de la passion, ou d’une noix de coco bue à la paille à l’ombre d’un toit en tresse de rotin.
Depuis 7 ou 8 jours, je ne sais plus, je suis scotché à Kampot oú j’ai trouvé mon spot, base de rayonnement, car scotché n’est pas le mot adéquat. Je bouge, j’explore, je partage, j’apprend, je m’imprègne, et je mute doucement en un être hybride mi-français, mi-cambodgien. Pour un curieux congénital comme moi, le cambodgien n’est jamais avare d’échange d'information. Ajouté à la quiétude et à la gentillesse, c'est aussi pour cela que j'adore ce pays et sa population.
Pour en revenir à Kampot, cette ville est un compromis parfait entre une bourgade de province et un lieux de villégiature pour rayonner alentour. Située non loin de la mer, bordée par la rivière Kampong Bai, Kampot bénéficie d'une situation idéale.
Après avoir exploré les environs immédiats en vélo en longeant la rivière en aval sur ses rives droites et gauche, je suis passé à la vitesse supérieure en montant en 4x4 à Bokor sur la piste la plus déglinguée et la plus défoncée qu'il m'ait été donné d'emprunter (1h30 pour parcourir 20km, c'est dire). Bokor se trouve à 1000m d'altitude au sommet d’une montagne située à mi-chemin entre Kampot et la mer. Située au beau milieu des 1500km2 du parc national de Preak Monivong, Bokor est un ancien lieu de villégiature jadis fréquenté par les nantis français et cambodgien, aujourd'hui rendu à l'état de ruines après la guerre que se livrèrent Khmers rouge et l'armée régulière appuyée par les vietnamiens venus aider à débarasser le pays de cette dictature sanguinaire d'intégristes communistes encouragés et financés par les russes et par les chinois. De ce qui fit l'attrait de Bokor, il ne subsiste plus que ruines ; ruines de demeure, ruines d'église, ruines des deux casinos, mais depuis le sommet, la vue sur le littoral est très spectaculaire.

Après un déjeuner sommaire, et une trop courte randonnée dans la jungle, la journée (organisé par Toun le proprio de mon guest-house) se conclut par une remontée de la rivière vers Kampot sur 5-6km, juste assez pour s'émervailler du spectacle des rives bordées de palmiers illuminés par la lumière dorée du soleil couchant. Juste assez pour se dire : '' Oui, ce coin est merveilleux. ''

Convaincu que Kampot méritait que j'y consacre plusieurs jours, je décidais dès le lendemain de louer un scooter pour pousser plus loin mon exploration des environs. Pour 20 euros la semaine, l'affaire était réglée et depuis, c'est carrément l'éclate. Deux fois j'ai été à Kep, une ancienne cité balnéaire où les riches demeures bordant la mer ont elles aussi - et pour les mêmes raisons – été rendues à l'état de ruines. L'ambiance qui règne à Kep est très particulière, très paisible, comme en attente de retrouver le boum d'autrefois, ce qui ne saurait tarder car les investissement et projets immobiliers de tous ordres sont prèts à transformer en enfer ce qui pourrait aussi être un paradis.
Inutile d'espérer racheter l'une ou l'autre des ruines tronant sur d'idylliques terrains face à la mer, d'après mes infos, elles ont toutes été pré-emptées par les caciques politiques et militaries qui règnent sur le Cambodge aujourd'hui. Logique. Le potentiel touristique de ce petit morceau de littoral est tel (Kampot compris) que les prix des terrains ont été multipliés par cinq en trois ans. De toute façon, pour un occidental, hormis un marriage avec une cambodgienne ou un arrangement limite via un prète-nom aléatoire, point de salut dans l'investissement immobilier. Tant pis… Ou tant mieux ; suivant l'angle oú l'on se place, meme si cela n'empèche pas les chinois de se débrouiller avec l'habileté qu'on leur connait.

Kep est néanmoins plein dtraits pour le touriste à la recherché de tranquilité et pour le gourmand en quête de fruits de mer. Lors de chacune de mes visites, j'ai acheté pour 1.5 euros une livre de grosse crevettes fraiches vendues par les femmes des pêcheurs vous les cocottiers qui leurs servent de halle aux poisons… et pour 25 cts de plus, elles vous les cuisent à l'étouffée. Il ne reste plus qu'à se rendre vers un restaurant bringueballant juste à côté oú l'on ne s'offusque pas de vous voir débarquer avec votre nourriture, tant qu'on à la décence d'acheter du riz, une salade de fruits ou une boisson. L'autre option est de pousser 2-3 km plus loin après la plage principale et d'opter pour une des nombreuses guitounes faisant face à la mer avec leurs paillotes au sol couvert de nattes ou des cuisinières bienveillantes se feront un plaisir moyennant une somme symbolique de cuisiner vos crevettes à l'ail et au poivre vert, avant de se laisser aller dans un des hamacs accueillants ou de faire la planche dans une eau à 28 degrés (au moins).

En poursuivant sur cette même route, j'ai passé un moment fort avec des paysans hommes et femmes actuellement en pleine récolte du riz.J'ai été initié pour l'occasion à l'art de constituer et de battre un fagot pour récupérer les précieux grains.Plus tard, j'ai passé une heure avec des bonzes dans la pagoda de Kep, le temps de me couper les ongles, de rigoler qques fois, et de boire une noix de coco que l'un d'entre eux était allé cueillir en grimpant à meme le tronc du cocotier, avant que son collègue bonze se charge de la preparer pour satisfaire ma soif gourmande.Et voilà. La journée était passée trop vite. Il était temps d'enfourcher mon scooter et de retourner à kampot en cheminant sur une route tranquille éclairée par l'énorme disque rouge du soleil couchant dessinant en contre-jour la silhouette des palmiers ceinturant les rizières.

Trop, c'est trop

''Allez, vous reprendrez bien un peu de bien-être. C'est ma tournée.''