ANGKOR WAT

Le bruit des cigales est assourdissant mais paradoxalement plus supportable que la rumeur silencieuse des hordes de touristes qui ont envahi le temple d'Angkor dès 5h30 du matin ; un spectacle en soit de voir ces dizaines de japonais, francais, américains, chinois, allemands, etc... alignés au bord du lac derrière leurs appareils photo montés sur trépieds pour immortaliser le lever du soleil sur le site archéologique le plus célèbre d'Asie du Sud-Est.
Je pensais etre tranquille. C'est raté.Mais bon, le spectacle de la nature qui se réveille et des trois stupas qui se découpent en "ombre chinoise" est magnifique. Pour le mériter, j'ai du me lever à 4h30 du matin, puis me taper les 12 km à vélo depuis la vile de Siem Reap jusqu'au site. Heureusement je n'ai pas beaucoup pédalé car je me suis fait haler par deux tuk-tuk (moto tirant une nacelle couverte) en profitant pour le premier de sa seule cliente chinoise, et pour le second d'un couple de retraités américains résidant dans mon hotel. Je ne sais pas si j'ai lancé une nouvelle mode mais en tout cas, aucun conducteur n'a protesté. Ils ont meme trouvé ca plutot marrant. Ils sont si cool les cambodgiens.Juché sur mon vélo trop petit, je me suis offert le grand tour, soit une quinzaine de kilométres, (+12 pour rentrer à Siem Reap) afin de voir la totalité des sites, avant d'y retourner demain pour approfondir les lieux qui m'ont le plus séduit, en l'occurrence le Preah Kon et le Ta Phrom, meme si je suis loin d'etre estomaqué comme j'ai pu l'etre précédemment en découvrant la majesté du Taj Mahal en Inde ou la magie du site maya de Tikal au Guatemala.A cela une raison, tout est ruiné, au sens littéral. Aprè avoir visité l'intégralité des différents sites, j'ai constaté qu'aucun n'a conservé son intégrité architecturale. C'est meme exactement le contraire et les éboulis succédent aux éboulis ce qui à la longue est un peu lassant.
Seuls de beaux bas-reliefs pour le moins répétitifs ont survécu au feu croisé du temps, de la mousson et du pillage. Les visages de Bouddha présents quasiment partout ne sont plus de la première fraicheur mais heureusement, le sourire énigmatique, meme érodé, fonctionne toujours.Pour l'heure, je suis au Preah Khon, un ruine plus qu'un palais perdu au milieu de la jungle et d'où se dégage une véritable atmosphère. Fidèle à l'imaginaire que l'ont se fait de l'endroit, un arbre culminant à une cinquantaine de mètres enserre avec ses racines semblables à de longues jambes noueuses le mur d'enceinte de l'ancienne citadelle vieille de 800 ans.En fait, il s'agissait à la fois d'une cité et d'un lieu d'étude bouddhique - de son vrai nom hindou Jayasri : épée sacrée sacrée -. De là vient peut-etre la magie qui se dégage de ces vieilles pierres, mais aussi du fait que je sois seul pour la première fois de la journée, et ca, ca change tout.
En tout cas, malgré la foule des touristes, l'étendue du site et le gigantisme des divers palais et cités laise bien imaginer ce que fut la puissance du royaume Khmer.Après 12h passées sur mon vélo à pédaler et à crapahuter sur le site d'Angkor, j'en repars avec le sentiment mitigé du devoir accompli et d'une frustration due à trop d'attente. Peut-etre aussi que je deviens difficile. Comme j'y retourne demain, je vais tenter le coup avec de la musique indienne dans mon Ipod.A part ca, ce soir je me suis régalé de criquets frits. Ca vaut largement les éperlans.