HOI AN LA BELLE ETAPE

Lorsque l'éloignement entre la station de bus et le centre-ville le justifie, la stratégie est maintenant clairement établie. Hoi An m'invite à la mettre de nouveau en pratique. Surtout qu'il y a ici pléthore d'hotels et je compte faire tranquillement mon choix.
Moto-taxi donc pour faire le tour de la ville - classée au patrimoine mondial de l'UNESCO -, visiter 4-5 hotels, et finalement choisir l'hotel Thanh Binh III, un 3 étoiles où j'ai négocié pour 16$ une chambre très confortable dotée de la clim, d'une baignoire et d'un balcon privé. Avec sa piscine, son buffet pour le petit-déjeuner et l'internet gratuit, le Thanh Binh III représente le meilleur rapport qualité-prix de ce voyage. Je suis maintenant dans les meilleures conditions pour découvrir Hoi An.
Ce matin, après un p'tit-déj pantagruélique - merci le buffet -, j'ai loué un vélo devant l'hotel et en route. Petite ballade en ville pour me mettre en jambe et en route, direction la plage de Cao Bai toute proche - 5km -, mon hammac bien rangé dans le panier du vélo.
Arrivé au village, après avoir refusé l'injonction insistante d'un factotum qui voulait m'obliger à laisser mon vélo dans un parking, je tournai à gauche pour m'éloigner en espérant trouver tranquilité et sérénité sans savoir où j'allais échouer car la plage était toujours invisible. Et puis les maisons disparurent, les cocotiers apparurent ; une piste à droite menait au bonheur... une merveille de plage proche des longues plages vierges landaises ; les cocotiers et la température de l'eau en plus.
Par chance - ou par intuition -, j'avais involontairement contourné les Resorts à touristes. Au bout de mon chemin, il y avait même deux minuscules paillottes servant nourriture et boissons fraiches, et suffisamment de cocotiers pour accrocher mon hammac. C'était parfait.
Pensant ne plus avoir à m'en resservir avant la Thailande, j'avais rangé mon maillot de bain au fond de mon sac. La très bonne surprise de cette plage magnifique et de mon long bain dans les vagues me démontraient qu'au Vietnam il ne fallait jurer de rien.
Hoi An s'annoncait comme une étape patrimoniale mais certainement pas balnéaire. J'avais tout faux.
Il y a tout à Hoi An, et avant tout une atmosphère de tranquille nonchalance accentuée par les ruelles étroites de la vieille ville où le traffic routier habituel brille par sa discrétion, des pagodes, des maisons claniques chinoises, et des anciennes maisons de commerce chinoises, francaises et hollandaises - pour la plupart reconverties en resto ou en gallerie d'art - réparties de part et d'autre d'un des bras du fleuve qui contourne la ville.
Point d'orgue de la journée, en rentrant de la plage, je longeai une rizière éclairée par une magnifique lumière rasante de fin d'après-midi où des femmes repiquaient le riz pour la récolte suivante ;une sublime mise en scène que je n'espérai plus depuis le delta du Mekong. J'avais tort une fois de plus. De nouveau, mon zoom Leica faisait des merveilles, comme si lui aussi se rattrapait pensant avoir été sevré d'un tel festin photographique.
Le lendemain, matinée d'excursion prévue à My Son, ancienne capitale du royaume Cham de religion hindouiste qui règna un temps sur cette zone médiane du littoral vietnamien. Malheureusement, la météo en décida autrement. Il pleuvait des cordes, la faute au résiduel d'une dépression tropicale innondant l'archipel des Philippines.
Levé à 7h30, mon p'tit-déj avalé, je me recouchai vers 9h30 pour me réveiller à 13h30. J'avais alors la bonne surprise de constater qu'il ne pleuvait plus. Le planning était presque respecté et je pouvais consacrer l'après-midi à visiter la ville. Du moins le pensai-je.
Un de mes dadas en voyage est de me poser dans les marchés et de me faire oublier en adoptant la stratégie du chaméléon. Celui de Hoi An n'échappa pas à la règle, sauf que j'y passai près de trois heures, posté ici ou là, pour finalement atterrir devant l'échope d'un sculpteur sur bois auprès d'une marchande de sucreries avec ses deux enfants orphelins de père, mangeant des clémentines et jouant avec l'aîné. A cause de la couverture nuageuse et du ciel gris, la nuit était tombée plus vite que d'habitude sans que je l'entende. Au revoir chaleureux avec les riverains de mon bout de marché et notamment avec le sculpteur sur bois, un joyeux drille à qui j'achetai une face de bouddha souriant au verso de laquelle il grava " Sông Lâu " ce qui signifie longue vie. Sympa. Il était maintenant trop tard pour pousser plus avant dans la visite de la ville.
Le reste de la soirée se résuma en un repas frugal et tardif pris sous une bâche dans un resto de rue, dîner conclu auprès d'une mamie postée à un coin de rue, laquelle vendait le meilleur dessert que j'ai eu l'occasion de déguster depuis deux mois, en l'occurrence des petits haricots rouge cuisinés comme du riz au lait - mais sans lait -, aggrémentés de zestes de gingembre confits. Un pur délice dont je repris une deuxième part.
Voila. s'en était finit pour Hoi An ; une super étape - une de plus.
Demain direction Hué pour deux jours et où parait-il la pluie s'est installée. Je verrai bien. J'espère juste qu'à Hanoi ce ne sera pas le cas car au dire des Vietnamiens, il y fait froid... Tout est relatif. Nous n'avons pas les mêmes valeurs.