SAIGON SOURIT TOUJOURS 1

Saigon. Voila un nom qui m’a toujours un peu fait fantasmer.Par où commencer ? D’abord par la cohue bien sûr ; les nuées de scooters, de voitures, de camions, de cyclo-pousses. Tout ce joyeux fratras dans une apparente anarchie en fait savamment organisée. Comment je traverse ? Et puis on voit l’ouverture, on se lance, on s’arrète au milieu de la route si nécessaire, avec assurance et foi en son destin, et la meutre vous évite. C’est un peu la corrida à l’envers. Effets induits ; le bruit, la pollution, mais comme pour la circulation, on compose et on s’y fait.
Chose rare en Asie, toutes les rues - ou presque – sont plantées d’arbres ce qui donne à la mégapole de 7 millions d’hbts un côté '' ville campagnarde ''. Saigon possède d'ailleurs en son centre un parc calme et reposant où les hbts font leur gym quotidienne et pratiquent les arts martiaux traditionnels. Néanmoins, la frénésie toute proche est incessante, très loin d’une ambiance champêtre.
Mais d’abord, il a fallut arriver à Saigon ; simplement d’abord via 2 heures de bus local en provenance de My Tho, puis moins simplement de prime abord via deux bus urbains depuis la gare routière de Mien Thay. Je ne me sentais pas trop couvrir le 8 km jusqu’au centre-ville derrière une moto-taxi. J’ai préféré préserver mes membres et mes poumons en optant pour la solution qui parait la + simple sur le papier mais s’avère + complexe sur le plan pratique car l'accès aux bus urbains saigonnais est un peu complexe because la langue vietnamienne.
En fait, le réseau est formidablement structuré, les bus sont climatisés et le prix du ticket (3000 dongs) est ridiculement bas.
Arrivé à la gare routière, suivant les indications d’une jeune vietnamienne, je montai dans le bus 91 puis, en suivant le conseil d’un jeune gars cette fois, j'enchainai avec le bus 2 qui me déposai à 5mn de mon quartier d’election baptisé Pham Ngu Lao où abondent les hotels bon marché. Depuis, je me suis procuré le plan du réseau et j’abuse du bus - et de la marche à pied – pour explorer la ville.L’hotel Nga Hoang où je réside est formidable et s’avère + être dans l’esprit pension. Situé dans une ruelle à l’écart du bruit ambiant, il offre pour le moment le meilleur rapport qualité/prix de ce voyage. La chambre n’est pas très grande mais propre et fonctionnelle, le ventilo brasse sans bruit, et le lit -sans être immense- possède un matelas 100% latex. Le petit-déjeuner est compris et l’accès internet gratuit pour les résidents, tout ça pour 7 euros la nuitée. De plus, la patronne est jolie. C’est toujours + agréable au moment de payer la note...J’avais entendu pas mal de ragots négatifs sur Saigon et ses hbts. Ils sont faux.
Bien sûr, certains essaient d’estamper sur les prix. C’est de bonne guerre mais voué à l’échec si on connait un peu les barèmes. ''On reçoit l’accueil que l’on mérite'' et c’est d’autant plus vrai à Saigon. Le sourire est le meilleur des laisser-passer. J’ai croisé à Saigon trop de touristes beaufs totalement pas à leur place, et de ''routards'' tirant des gueules de 6 pieds de long, les mains crispées sur leur sacs à dos, qu’ils portent sur leurs poitrines, attablés dans des restaurants impersonnels, puis regroupés le soir dans Pham Ngu Lao réfugiés derrière leurs bières. Il est probable que ces touristes là n’aimeront pas Saigon. C’est bien fait pour eux. Ils ne la mérite pas.Par contre, si on se donne la peine élémentaire d’être ouvert et courtois, c’est formidable ce que les gens donnent en retour: fruits, cigarettes, chaleur humaine, sourires, sourires, sourires... Aujourd’hui, alors que j’avais les mains souillées après avoir dévoré une livre de mandarines - les meilleures du monde et de loin. Il parait qu’elles viennent de Chine -, j’avisais du regard et par le geste une vendeuse de rue qui immédiatement, presque en courant, remplissai un verre d’eau pour m’arroser les mains, avant de remplir un nouveau verre d’eau bouillie et tiède pour que je me rince la bouche. (A suivre)